Adriana ; Un pion sur l'échiquier du Roi. || 100 %

« Ma Vie dans le livre » ::

Le monde dans lequel on évolue est toujours synonyme de Réalité ;;

Adriana a été tirée de l’imagination d’un homme. Ses traits de caractère, son physique, son passé ; rien de réel, rien de bien tangible. Si ce n’est un amas de lettres calligraphiées, imprimées sur du papier bruni. Elle est l’un de ces personnages nés pour vivre un rêve éveillé et a évolué, durant les premières années de sa vie, dans un monde ou guerres et violence relèvent du mythe. Suivant le bon vouloir de son créateur et bien que sachant que toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, elle eu vite fait de comprendre l’importance de l’honnêteté, et s’attela dès lors à en faire preuve en toutes circonstances. Son existence fut, de manière générale, agréablement calme, bercée par ces airs mélodieux dont les Elfes ont le secret. Mais n’ayant pu l’achever comme prévu, elle ne sait pas exactement à quel avenir on l’avait destinée. Bien sûr, les habitudes adoptées durant tout ce temps ne pouvaient que la desservir une fois arrivée sur Terre, et promettaient de faire de la vie qui l’attendait une véritable épreuve.

« Caractère rapide, en quelques adjectifs » :: Douce ; Docile ; Peureuse ; Calme ; Compréhensive ; naïve.

« Ce que les autres ignorent » :: Ecrivez ici quelques anecdotes sur votre personnage. Ca peut être n’importe quoi, mais il en faut au moins 5.

• On a abusé de sa naïveté et de son corps à son arrivée sur terre.
  
• Adriana respecte Dorian plus que quiconque dans ce monde et serait prête à mourir pour lui, s'il le fallait.
  
• Bien qu'ayant toujours prôné la non-violence, elle ressent un plaisir malsain à voir les méfaits de Dorian.
  
• Elle souhaiterait que lui et Killian se réconcilient, afin que ce dernier revienne, mais n'oserait en faire la remarque : cela reviendrait à s’opposer à l’une des décisions de celui qu'elle voit comme mon sauveur.
  
• Elle pense naïvement que c'est un intérêt sincère qui à poussé Dorian à la sauver, et ne se rend qu'à moitié compte de n'avoir en fait qu'une valeur utilitaire. Quoiqu'il en soit, l'un de ses souhaits serait qu'il la venge, pour les vingt premières années d'enfer qu'elle a passé sur Terre.
  

« RP de Présentation »

Une fois le rêve évanoui, c’est de l’amer goût de l’inconnu qu’il s’entache ;;
- « La naïveté est un excès de crédulité à l'égard des choses qui sont, mais aussi une inconnaissance des choses qui seront. »

Le soleil diffusait de ses rayons d’or une douce chaleur à la surface des draps blancs, au travers des fins rideaux d’une couleur identiquement immaculée. Blottie contre un oreiller moelleux, ce fut avec le sourire, agrémenté d’un soupir léger, qu’Adriana salua le lever de l’astre orgueilleux. Certaines choses étaient immuables, quelque soit l’époque, le monde concerné, et l’Elfe ne pouvait que s’en réjouir. Pour ne pas perdre pied, elle avait depuis bien longtemps pris l’habitude de se focaliser sur ces petites chose ; les courbes agréables des pétales des fleurs, leur couleur éclatante une fois exposées à la lumière ; la succession régulière du jour à la nuit, pimentée de l’avalanche d’incertitudes qui ponctuaient son existence depuis maintenant… 220 ans. Ainsi, malgré le poids des expériences vécues, elle était parvenue à ne pas perdre pied.
La perfection de son monde d’origine lui semblait de plus en plus floue au fil des années. Elle pensait même en être si loin, à présent, perdue dans un univers qui l’avait accueillie de force, que les mémoires de cette autre époque s’étaient petit à petit mêlées en un amalgame indescriptible, ne lui laissant pratiquement rien de plus qu’un arrière goût d’amertume. Cependant, à cet instant précis, Adriana était plongée dans une agréable léthargie, à laquelle elle n’aurait pour rien au monde voulu mettre fin ; et ce fut dans un premier temps presque avec délice qu’elle se laissa inconsciemment plonger dans ses propres pensées.

Immédiatement et contre toute attente, ses sourcils se froncèrent au-dessus de ses paupières closes, son front se stria de deux plis profonds, et son visage se figea en une expression de pur dépit. Comme à chaque fois que ses réflexions n’étaient pas guidées par une idée bien précise, c’était par l’éveil de souvenirs douloureux qu’elles se soldaient finalement et, bientôt, la jeune femme fut assaillie par les cauchemars qu’elle avait fait l’erreur de sous-estimer. Froissant les doigts de ses doigts pâles, elle tenta d’ignorer les bruits dérangeants qui s’imposaient à elle, de se détourner d’images qui n’existaient que dans sa tête. Sans succès.. A croire que jamais ces chaînes qu’elle trainait derrière elle ne lui laisseraient de répit.

Ce fut certainement la raison pour laquelle elle entrouvrit les lèvres, laissant échapper une litanie suppliante. « Non… non… », Murmurait-elle avec ardeur, cherchant apparemment à se soustraire à un quelconque épisode pénible. Mais il était déjà trop tard. C’était une chute sans fin, une agonie interminable. Et bien vite, une réalité différée s’insinua sournoisement sous ses paupières et l’engloutit, oppressante, si bien qu’elle oublia momentanément le confort qui l’entourait pour ne plus songer qu’à cela.

« La douleur la déchirait de toute part, sans qu’elle ne sache que faire pour tout arrêter. Elle ne pouvait que supplier. D’une voix faible ; pathétique. Mais comment exprimer autrement ce que l’on n’a jamais connu ? Rien ne lui venait à l’esprit ; et le mal, à défaut d’anesthésier une fois pour toutes ses sens malmenés, lui avait ôté toute capacité de défense.

Son existence en ce monde n’avait été en soit qu’une longue dégringolade, avalanche d’échecs en continu. La preuve en était d’ailleurs l’état déplorable dans lequel elle se retrouvait ce soir là même, perdue au milieu de visages bovins, de rires gras et moqueurs. Ses paupières se pressèrent vivement, masquant à ses prunelles d’un bleu embué le rictus mauvais qu’arborait l’homme en face d’elle. Si elle fermait les yeux et réussissait à se convaincre, tout cela s’arrêterait-il ? Un hurlement strident la ramena immédiatement à la réalité, et elle mit quelques secondes à se rendre compte qu’il s’agissait du sien. Les mains agrippées à un corps qui la répugnait, la tête rejetée en arrière, elle tenta en vain de se recroqueviller sur elle-même. D’échapper à la prise trop ferme de cet affreux inconnu. Mais elle n’en tira qu’un grognement réprobateur. L’homme se déplaça légèrement, juste assez pour l’immobiliser, et ne porta pas plus d’intérêt à ses plaintes étouffées. Elle n’était qu’une Elfe, après tout. De ces créatures qu’il jugeait misérables. De sont point de vue, elle n’avait pour elle que son indéniable beauté, et tout le reste, mis à part cet infime détail, contribuait à l’écœurer. Les gestes rendus brusques par l’ambiance qui les entourait et les choppes de bière ingurgitées plus tôt, il serra un peu plus fort les poignets minces de la jeune femme qu’il surplombait de toute sa taille, et exhala un râle roque, dérangeant, qui crispa la jeune femme... ».

Adriana battit fébrilement des paupières, trouvant tout à coup agressif le halo lumineux qui lui brûlait la rétine. Elle laissa échapper un faible gémissement et bascula sur le côté, enfouissant son visage contre le tissu sur lequel elle était encore étendue, puis se leva à la hâte. Tout cela n’était rien de plus qu’une question d’habitude. Avec le temps, elle avait quasiment finit par se faire à ce genre de réveil, d’abord doux et cotonneux, puis désagréables, âpres. Elle n’y pouvait rien : flâner un peu plus longtemps que nécessaire au creux de son lit, « à l’abri » du monde extérieur, équivalait à se soumettre aux fantômes du passé. Une boule lui obstruait la gorge, mais elle savait parfaitement que l’ignorer restait la meilleure chose à faire. Et si l’envie d’exprimer son malaise s’était tout à coup faite accablante, au point qu’elle en déplore une fois de plus l’absence de Killian, le visage de celui à qui elle était redevable eut vite fait de s’imposer à sa mémoire et elle préféra enfouir en elle le besoin de parler à celui qu’elle en était venue à considérer comme un véritable ami.

Elle drapa son corps nu du premier bout de tissu qui lui tomba sous la main, et se dirigea sans plus de cérémonie à la salle de bain attenante à sa chambre, s’efforçant d’avancer d’un pas assuré. Laisser les bribes de souvenirs disparaître sous des trombes d’eau brûlante, afficher un sourire inébranlable, et servir Dorian de son mieux afin de lui montrer l’ampleur insoupçonnée de sa reconnaissance, était ce qu’elle devait s’efforcer de faire à présent.
Pendant quelques minutes, des mots se bousculèrent hors de ses lèvres rougies tandis qu’elle fredonnait les paroles d’un titre d’époque, avant de se confondre pour finalement disparaître sous le bruit de l’eau lui martelant la peau.